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DATE DE PUBLICATION : 13 MARS 2024

Les bactéries antibiorésistantes constituent une menace considérable pour la santé, en limitant les possibilités de traitement des maladies infectieuses. Les affections courantes comme les infections des voies urinaires qui, auparavant, étaient souvent soignées facilement et rapidement par les antibiotiques, sont devenues plus difficiles à traiter en raison des bactéries résistantes. Non seulement cela prolonge l'inconfort des personnes atteintes d'infections urinaires mais cela présente également le risque que l'infection entraîne une affection plus grave.

Les infections des voies urinaires surviennent lorsque des bactéries pénètrent dans l'urètre et infectent les voies urinaires ; elles sont plus fréquentes chez la femme : entre 40 % et 50 % des femmes déclarent avoir eu au moins une infection des voies urinaires au cours de leur vie. Il existe plusieurs facteurs de risque de développer une infection des voies urinaires tels que l'âge, les antécédents familiaux et génétiques, les interventions chirurgicales et le cathétérisme.

On classe généralement les infections des voies urinaires en deux catégories : les infections accompagnées de complications ou sans complication.

Les infections des voies urinaires sans complication touchent généralement des femmes en bonne santé, ni enceintes ni ménopausées. Les infections des voies urinaires accompagnées de complications peuvent en revanche évoluer vers une pathologie plus grave associée à des facteurs de risque qui diminuent l'efficacité de l'antibiothérapie. Ces facteurs de risque comprennent des pathologies comme des anomalies structurelles ou fonctionnelles des voies urinaires, une immunodéficience ou des dispositifs médicaux dotés d'un film biologique (ce ne sont là que quelques exemples). Ces pathologies peuvent être à l'origine de l'échec du traitement initial et peuvent exposer le patient à des risques de complications (par exemple lésions des voies urinaires, abcès, etc.) ou d'affection plus grave. Escherichia coli uropathogène est le pathogène le plus souvent à l'origine des deux types d'infections des voies urinaires.

 

Comprendre l'importance de l'antibiorésistance et des infections des voies urinaires associées aux cathéters

Il est important de comprendre la corrélation entre l'antibiorésistance et les infections des voies urinaires. Comme le résume Lisa Bebell, médecin spécialiste des maladies infectieuses du Massachusetts General Hospital, « l'antibiorésistance est un problème considérable pour les infections des voies urinaires, par rapport à d'autres infections, car ce type d'infections est très fréquent. Nous observons donc les effets de l'antibiorésistance beaucoup plus rapidement et avec une prévalence supérieure. » Selon une étude de 2019, plus de 92 % des bactéries responsables d'infections des voies urinaires sont résistantes à au moins un antibiotique courant et près de 80 % sont résistantes à deux antibiotiques.

On compte parmi les infections des voies urinaires les plus susceptibles d'être associées à des complications et d'être antibiorésistantes les infections des voies urinaires associées aux cathéters. Ce sont les infections nosocomiales les plus courantes et la cause la plus fréquente d'infections sanguines secondaires. Elles sont définies comme des « infections des voies urinaires touchant un patient dont la vessie est cathétérisée ou a été cathétérisée au cours des 48 heures écoulées » et peuvent être dangereuses en raison des taux alarmants d'antibiorésistance.

Ce type d’infections demeurent une lourde charge pour les soins de santé. Au cours d'une étude visant à mieux comprendre l'évolution des films biologiques et des sondes urinaires, des gènes antibiorésistants ont été détectés dans la moitié des échantillons prélevés. En raison de l'augmentation de la prévalence des infections résistantes dans le monde, les antibiotiques couramment utilisés pour traiter les infections des voies urinaires comme l'ampicilline, la nitrofurantoïne et la ciprofloxacine ne peuvent plus être utilisés comme des options thérapeutiques. Si une infection n'est pas correctement traitée, elle peut évoluer en affection grave, potentiellement mortelle, appelée sepsis.

Les infections des voies urinaires, notamment les infections des voies urinaires associées aux cathéters, sont une des causes de sepsis les plus fréquentes. Environ 60 % des patients en état de choc septique développent une insuffisance rénale aiguë (IRA), associée à une morbidité et une mortalité élevées. L'IRA entraîne une accumulation de déchets dans le sang : pour cette raison, les reins arrivent difficilement à maintenir le bon équilibre des fluides dans l'organisme, ce qui peut être préjudiciable à d'autres organes vitaux comme le cerveau, le cœur ou les poumons. 

 

Le diagnostic joue un rôle essentiel dans le diagnostic des IRA et dans la lutte contre l'antibiorésistance

Les bactéries responsables des infections des voies urinaires devenant de plus en plus résistantes à de nombreux antibiotiques, il n’est pas pensable d'envisager un avenir dans lequel un plus grand nombre d'infections des voies urinaires aboutiront à un sepsis, à une IRA, voire au décès en raison du manque d'options thérapeutiques. Il existe en effet de nombreuses façons de minimiser ces risques.

Les infections des voies urinaires peuvent être diagnostiquées à l'aide de tests de diagnostic comme l'analyse d'urine ou l'uroculture. Le diagnostic, qui permet d'identifier les agents pathogènes et l'antibiorésistance chez les sujets pour lesquels il existe une suspicion d'infection des voies urinaires, est donc essentiel pour garantir la prescription, au patient, du bon traitement contre l'infection. D'autres tests diagnostiques comme les hémocultures peuvent être décisifs pour diagnostiquer rapidement un sepsis chez les patients.

Les outils de surveillance peuvent être essentiels au suivi des bactéries antibiorésistantes dans les environnements de soins de santé. Selon le CDC, « un suivi et des comptes rendus cohérents des infections des voies urinaires symptomatiques selon les critères de surveillance permettront d'identifier les possibilités d'examiner, de comprendre et de traiter les différences entre les événements de surveillance et les événements cliniquement identifiés. »

Les initiatives comme les programmes de bon usage des antibiotiques peuvent également jouer un rôle important dans l'amélioration des résultats des patients et la prévention de la propagation de l'antibiorésistance en limitant l'usage abusif et la surconsommation d'antibiotiques dans ce contexte. Les programmes de bon usage des antibiotiques s'appuient sur des informations diagnostiques utiles et sur des données institutionnelles provenant d'outils de surveillance afin de favoriser le bon usage des antibiotiques.

Nous devons encourager l'utilisation d'outils de diagnostic, la surveillance, la poursuite de la recherche et le choix de méthodes de traitement adaptées pour contribuer à lutter contre les infections des voies urinaires antibiorésistantes et protéger les patients contre un risque accru de complications et de mortalité associée.

 

Les avis exprimés dans cet article ne sont pas nécessairement ceux de bioMérieux

 

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