Les effets des programmes de bon usage des antibiotiques sur la prise en charge des patients dans les services de soins intensifs
Par la rédaction de bioMérieux | Temps de lecture : 2 min
Depuis leur création il y a plus d'un demi-siècle, les services de soins intensifs jouent un rôle très utile dans la prise en charge des patients gravement malades ou gravement blessés. Cependant, les infections comme les infections associées aux soins (infections nosocomiales) sont un problème courant dans les services de soins intensifs, ce qui entraîne un usage fréquent et parfois une surconsommation d'antibiotiques vitaux dans ces environnements. Bien que l'antibiorésistance soit un processus qui se produit naturellement au fil du temps, il est important de noter que la surconsommation et l'usage abusif d'antibiotiques, même lorsqu'ils sont utilisés dans des environnements de soins intensifs, contribuent à l'apparition de pathogènes résistants.
Usage fréquent d'antibiotiques en soins intensifs
L'administration rapide d'une antibiothérapie peut faire la différence entre la vie et la mort, en particulier dans les cas extrêmes. Le sepsis, par exemple, est une maladie potentiellement mortelle fréquente dans les services de soins intensifs. En cas de sepsis, il est essentiel d'administrer au patient une antibiothérapie empirique le plus tôt possible afin de réduire la probabilité de morbidité. Les infections qui constituent des menaces urgentes et graves pour les patients des services de soins intensifs sont souvent dues à des pathogènes comme les Enterobacterales produisant des bêta-lactamases à large spectre, les Enterobacterales résistants au carbapénème, Pseudomonas aeruginosa multi-résistant et Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline.
La surconsommation d'antibiotiques est fréquente dans les établissements de santé du monde entier. Dans les seuls services de soins intensifs, les données montrent qu'au moins une cure d'antibiotiques est prescrite à jusqu'à 70 % des patients au cours de leur traitement. On estime que la consommation d'antibiotiques est 10 fois plus élevée dans les services de soins intensifs que dans les autres environnements de soins. Outre le traitement des infections, la forte progression de l'usage des antibiotiques dans ces environnements peut être imputable aux antibiotiques également prescrits dans un cadre de prophylaxie périopératoire pour éviter ou limiter les infections graves chez les patients en phase critique.
Les cliniciens et les équipes de soins intensifs doivent veiller à ce que l'usage des antibiotiques soit correct et optimisé pour compenser leurs effets secondaires négatifs éventuels sur le patient, ainsi que la contribution à la pandémie d'antibiorésistance. Si une antibiothérapie peut être nécessaire dans de nombreux cas, l'usage inutile ou insatisfaisant d'antibiotiques peut avoir de graves répercussions comme une hausse de la mortalité, une durée d'hospitalisation plus longue et une augmentation des coûts des soins de santé.
Une étude montre que le bon usage des antibiotiques améliore la qualité des soins
En l'absence d'intervention à grande échelle, des pathogènes antibiorésistants continueront à apparaître, ce qui compliquera le traitement des infections. Les spécialistes des soins intensifs et des maladies infectieuses d'organisations comme la European Society of Intensive Care Medicine et l'Alliance contre le Développement des Bactéries Multirésistantes aux Antibiotiques ont appelé à une prise de conscience et à des mesures accrues pour réduire le développement de l'antibiorésistance dans les populations de patients à haut risque comme celles des soins intensifs.
Des initiatives comme le bon usage des antibiotiques sont encouragées dans de nombreux établissements de soins afin d'optimiser l'usage des antibiotiques. Les programmes de bon usage des antibiotiques accordent souvent la priorité aux cinq D du bon usage : right diagnosis, right drug, right dose, right duration and de-escalation (bon diagnostic, bon médicament, bonne dose, bonne durée et désescalade). Une étude récente sur le bon usage des antibiotiques réalisée dans un service de soins intensifs suggère que la mise en œuvre des programmes de bon usage des antibiotiques ne contribue pas seulement à la lutte contre l'antibiorésistance mais qu'elle aide également les cliniciens à fournir de meilleurs soins aux patients. Cette étude, qui porte sur 150 patients chez lesquels avait été diagnostiqué(e) un sepsis/choc septique ou une pneumonie associée à un respirateur, montre l'importance des programmes de bon usage des antibiotiques et leur capacité à réduire l'usage inutile d'antibiotiques à large spectre et à ralentir le développement de pathogènes résistants.
Les tests de diagnostic jouent un rôle essentiel dans la réussite des programmes de bon usage des antibiotiques. Les résultats de cette étude concluent que le bon usage des antibiotiques par l'application de tests et de procédures de diagnostic pour confirmer un diagnostic précis a significativement augmenté les scores de qualité de prise en charge des patients.
Grâce à un diagnostic précis, les équipes soignantes peuvent mettre en place plus rapidement le bon traitement pour le patient, évitant ainsi un usage abusif ou une surconsommation d'antibiotiques. « Des diagnostics immédiats sont essentiels pour le bon traitement des affections potentiellement mortelles, une identification précoce des complications et une bonne qualité des soins » affirment les auteurs de cet article de revue. Les tests de diagnostic peuvent également fournir aux cliniciens les données nécessaires pour leur permettre de décider de diminuer ou d'interrompre l'antibiothérapie en toute sécurité. Parmi les tests de diagnostic les plus courants dans les services de soins intensifs, on compte l'échographie au chevet du patient, les diagnostics radiologiques et les tests au point d'intervention.
Les programmes de bon usage des antibiotiques se sont révélés bénéfiques pour de nombreux aspects de la prise en charge des patients, notamment par la baisse des coûts liés aux antibiotiques. En cas de besoin, un programme de bon usage des antibiotiques peut être mis en place sans spécialiste de l'identification dans des environnements aux ressources limitées. Cependant, les auteurs de l'étude ajoutent « La mise en œuvre de programmes de bon usage des antibiotiques dans les centres où la gestion des antibiotiques des patients en soins intensifs est largement contrôlée par les spécialistes des maladies infectieuses reste une stratégie réalisable qui aboutit à de meilleurs soins pour le patient. »
L'optimisation de l'usage des antibiotiques par le biais du bon usage des antibiotiques est un élément essentiel de la lutte contre l'antibiorésistance et de la protection de la santé et de la sécurité des patients. Dans les populations gravement malades comme celles qui sont étroitement surveillées dans les services de soins intensifs, il est particulièrement important de veiller à ce que l'antibiothérapie soit administrée au bon moment. Ces mesures permettent non seulement d'empêcher la propagation et l'apparition de pathogènes résistants mais aussi d'améliorer la qualité des soins prodigués aux patients et de favoriser l'obtention de meilleurs résultats cliniques.
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