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Parole d'expert: Claude Mabilat, PhD, Directeur Valeur Médicale AMR/AMS, Affaires Publiques et Gouvernementales, bioMérieux

DATE DE PUBLICATION : 10 AOÛT 2023

Face à la menace de la résistance aux antimicrobiens, l’OMS vient de publier pour la première fois une liste de 40 sujets de recherche prioritaires pour accélérer la mise en place de mesures concrètes à l’échelle mondiale. Une feuille de route qui donne une place importante au diagnostic.

Depuis 2015, à la faveur du Plan d’action mondial pour combattre la résistance aux antimicrobiens, de nombreux pays se sont engagés dans des plans nationaux pour limiter l’émergence et la transmission d’infections résistantes aux traitements.

Aujourd’hui, toutefois, le manque de connaissances et de données freine la mise en place de programmes efficaces de bonne gestion des antibiotiques ou de prévention et de contrôle des infections.

Afin d’y remédier, l’OMS vient de dévoiler une liste de 40 sujets de recherche prioritaires à adresser d’ici 2030. “La résistance aux antimicrobiens est un défi de santé publique et économique urgent, pour y faire face, une recherche de qualité est vitale. Afin de préserver les antimicrobiens et sauver les vies et les conditions de subsistance, cet agenda de recherche est un outil essentiel pour les chercheurs et les bailleurs de fonds pour prioriser les questions de recherche et générer rapidement et efficacement des données scientifiques qui vont informer les politiques,” explique le Dr Hanan Balkhy, Assistant Directeur-Général pour l’AMR de l’OMS dans un communiqué publié en juin.

Multidisciplinaires, ces priorités ciblent en premier lieu les infections causées par des pathogènes bactériens et fongiques résistants les plus répandus pour l’OMS.  Huit priorités sont directement consacrées aux tests diagnostiques, une reconnaissance de leur rôle crucial dans la lutte contre l’antibiorésistance. 

 

Le rôle clé du diagnostic reconnu


 

Citation Claude Mabilat


Pour Claude Mabilat, Directeur Medical Value AMR/AMS chez bioMérieux, la place importante accordée au diagnostic dans cette publication est une très bonne surprise. « Le Programme de recherche de l’OMS reconnaît le rôle du diagnostic non seulement en tant que tel, mais également en tant que support dans les différents domaines de recherche », indique-t-il.

Cette mise en avant du diagnostic est peut-être à relier à la pandémie de Covid-19, qui a conduit à une soudaine prise de conscience de l’importance de son rôle dans la lutte contre la dissémination de pathogènes. Un rôle qui devient de plus en plus évident en matière de lutte contre l’antibiorésistance aux yeux des autorités et systèmes de santé, comme à ceux des industriels.

« En mettant en avant le diagnostic et en définissant un langage et des orientations communs, ce rapport aide à dialoguer avec des partenaires externes et servir de catalyseur aux activités dans lesquelles nous sommes déjà engagés », souligne Claude Mabilat.

 

L’accent est mis sur l’impact économique

Une autre nouveauté dans ce rapport est l’introduction dans les priorités de recherche de critères économiques. Ainsi, des critères de coût et de retour sur investissement sont mis en avant dans l’analyse des différentes stratégies et méthodes, qu’il s’agisse de prévention, de contrôle, de diagnostic et de traitement des infections, de suivi de la consommation des antimicrobiens, ou encore de collecte de données épidémiologiques.

« En plus du bénéfice médical, le diagnostic précoce et la prise en charge adaptée d’une infection sévère, avec un bon usage des antibiotiques, vont réduire la durée d’hospitalisation, éviter des traitements à la fois inutiles et coûteux, ainsi que des séquelles à long terme. Il y a donc également un impact économique important, non seulement pour l’hôpital mais aussi pour la société. La prise en compte de ce bénéfice économique est essentielle, mais pour le moment peu d’études ont été menées dans ce domaine » explique Claude Mabilat. 

 

Les pays à revenus faibles et intermédiaires au cœur des préoccupations

L’impact de la résistance croissante aux antimicrobiens étant plus important dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires, la publication de l’OMS insiste plus particulièrement sur la nécessité de mettre en place des solutions qui pourront facilement être déployées dans ces pays.

En matière de diagnostic et d’identification de la sensibilité des agents pathogènes aux antibiotiques disponibles, il est notamment demandé de proposer des outils simples à utiliser dans différentes sous-populations, en particulier sur le lieu des soins, dans un contexte de ressources limitées, offrant un résultat rapide et précis, et bien sûr à un prix abordable. « Cela fait beaucoup de contraintes ! » précise Claude Mabilat. « Pour distinguer les infections bactériennes des infections virales et ainsi limiter la consommation d’antibiotiques, une bonne solution serait d’identifier un ou plusieurs biomarqueurs efficaces qui pourraient être embarqués dans un dispositif de flux latéral ou de PCR ».

bioMérieux soutient également le Global-PPS, une enquête sur la consommation et la résistance aux antibiotiques dans les hôpitaux du monde entier. Menée par l’Université d’Anvers, cette enquête permet de proposer un outil en ligne gratuit et facile à mettre en œuvre pour mesurer et surveiller la prescription d'antibiotiques et l'antibiorésistance chez les adultes, les enfants et les nouveau-nés hospitalisés.
 

 

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