Vanessa Carter raconte son combat contre l'antibiorésistance

Elle avait 25 ans et n’avait aucune idée de ce qu'était l'antibiorésistance avant son accident de voiture. Voici son histoire.

À l'âge de 25 ans, Vanessa Carter est victime d'un grave accident de voiture à Johannesburg, en Afrique du Sud. Il va changer le cours de son existence. Non seulement il a failli lui coûter la vie, mais il lui a aussi valu de graves blessures : lésions d'organes, hémorragies internes, fractures graves et plaies au visage, qui ont défiguré le côté droit de son visage. 

Pendant les dix années qui suivent l’accident, Vanessa subit une série d'interventions de reconstruction faciale. Peu après la pose d'une prothèse au visage, elle sent un liquide s'écouler de son visage. Une intervention d'urgence pour nettoyer la prothèse infectée ne fait qu'aggraver la situation.

Vanessa mène alors une bataille sans fin contre les infections qui s'enchaînent. Au fil du temps, elles ont abîmé une grande partie de son visage, empêchant le port d'une prothèse oculaire. Aucun des antibiotiques prescrits par ses médecins ne parvient à éliminer l'infection. 

« Ces médicaments sont censés être efficaces mais ce n'est pas le cas » a déclaré Vanessa. « C'est une expérience terrifiante. »

Des pathologistes cliniques analysent la prothèse faciale et découvrent la présence de Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM), à l'origine du problème. Vanessa est alors confrontée aux conséquences de l'antibiorésistance.

Forte des outils de diagnostic qui ont permis d'identifier le SARM de Vanessa, son équipe médicale a pu adapter ses pratiques de prescription pour cibler son infection. Elle a ensuite subi une seconde intervention chirurgicale pour réparer la blessure, mais une autre infection est réapparue. Elle a finalement dû alterner les antibiotiques et trois mois plus tard, son visage a enfin commencé à cicatriser. Pour autant, il lui faudra des années pour oser retourner dans des lieux publics sans avoir à se couvrir le visage, et ne pas attirer l'attention.

L'antibiorésistance constitue une grave menace pour la santé des patients dans le monde entier, contribuant au décès d'au moins 4,95 millions de personnes par an. L'antibiorésistance continue de bouleverser la vie de millions de personnes et de provoquer des problèmes de santé durables. Les antibiotiques existants deviennant moins efficaces, les opérations chirurgicales deviendront plus risquées. De plus en plus de patients devront faire face à des infections bactériennes post-opératoires, comme dans le cas de Vanessa.

L'expérience difficile de Vanessa l'a incitée à devenir défenseure des patients dans la lutte contre l'antibiorésistance, et ce depuis 2013. Elle partage son histoire largement, y compris auprès des professionnels de santé et des plasticiens afin d'attirer l'attention sur les patients et a conseillé de nombreuses organisations de santé publique dans le monde entier.

Elle a collaboré avec le Center for Infectious Disease Research and Policy (CIDRAP) aux États-Unis, le groupe consultatif technique stratégique de l'OMS sur l'antibiorésistance (STAG-AMR), le groupe de l'OMS sur les survivants de l'AMR, le comité consultatif sur la prescription d'antibiotiques, la résistance et les infections associées aux soins de santé (APRHAI) au Royaume-Uni et le CDC africain. Elle est également la fondatrice de The AMR Narrative, une organisation caritative reconnue au Royaume-Uni.

Pour en savoir plus sur Vanessa Carter et son travail, rendez-vous sur : www.theAMRnarrative.org