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DATE DE PUBLICATION : 13 SEPTEMBRE 2023

La septicémie, un état clinique potentiellement mortel, peut se développer chez n’importe qui ; cependant, les nourrissons de moins d’un an ont un risque plus élevé de développer une infection qui pourrait conduire à une septicémie.

La septicémie néonatale survient chez les nourrissons de moins de 28 jours et reste l’une des principales causes de maladie et de mortalité chez les bébés. Les nouveau-nés prématurés présentent un risque plus élevé d’infections et de septicémie que ceux nés à terme, principalement en raison de leur système immunitaire immature et du recours plus important aux dispositifs invasifs chez ces patients, qui augmentent le risque d’infections.

La septicémie se présente sous deux formes chez les nouveau-nés : la septicémie précoce (EOS), communément définie comme survenant à 72 heures de vie ou avant, et la septicémie tardive (LOS), qui peut survenir à tout moment après 72 heures de vie. La septicémie précoce est généralement causée par la transmission d’agents pathogènes de la mère au fœtus/nouveau-né, tels que le streptocoque du groupe B (GBS), E. coli et la L. monocytogenes. La septicémie tardive est généralement due à la transmission d’agents pathogènes par l’environnement après l’accouchement, par les professionnels de santé ou par les soignants.

En plus des mesures ciblant les symptômes et les affections associés à la septicémie, le traitement typique d’une septicémie néonatale suspectée est une antibiothérapie empirique, y compris l’ampicilline et les aminosides, pour couvrir les pathogènes les plus courants afin de traiter l’infection sous-jacente. Si cette stratégie peut être mise en œuvre rapidement (dès qu’une septicémie est suspectée) et sauve souvent la vie des patients atteints de septicémie bactérienne, l’utilisation d’antibiotiques lorsqu’ils ne sont pas nécessaires peut avoir des conséquences négatives, et leur prescription appropriée dans l’Unité de Soins Intensifs Néonatals (USIN) peut s’avérer particulièrement difficile

La surconsommation d’antibiotiques dans l’USIN peut avoir des effets négatifs 

Lorsqu’ils sont employés pour des infections avérées, les antibiotiques améliorent considérablement le taux de survie chez les nouveau-nés. Cependant, on constate que l’utilisation des traitements antibiotiques est élevée dans les USIN, notamment pour prévenir une potentielle septicémie. Une enquête mondiale de prévalence ponctuelle a révélé que sur un jour donné, 26 % des nourrissons en USIN reçoivent au moins un antibiotique. La raison la plus fréquemment avancée est la possible survenue d’une septicémie. L’étude a également montré que les nourrissons reçoivent souvent un traitement antibiotique dès la suspicion clinique d’une infection ou d’une septicémie, plutôt que sur la base de résultats bactériologiques positifs. En fait, 49 % des nourrissons reçoivent un traitement prolongé sans aucune preuve microbiologique d’infection.

La surconsommation d’antibiotiques a été associée à des effets indésirables, notamment la septicémie tardive, la candidose invasive (un type d’infection fongique grave) et l’entérocolite nécrosante (un type d’infection intestinale grave), entre autres. Une étude rétrospective a révélé que chez les nourrissons prématurés de très faible poids à la naissance sans anomalies congénitales majeures ni septicémie confirmée par culture, chaque jour d’antibiothérapie administrée au cours des deux premières semaines est associé à un risque accru de septicémie tardive ou de décès.

Outre des résultats indésirables chez les patients, la surconsommation d’antibiotiques dans les USIN peut favoriser l’émergence et la propagation d’organismes multirésistants, et ainsi compliquer le traitement des infections chez les nouveau-nés. Les infections néonatales provenant de souches multirésistantes sont associées à une augmentation de la mortalité, un surcoût et une hospitalisation prolongée.

Réduire la surconsommation des antibiotiques dans l’USIN

Étant donné que les antibiotiques sont les médicaments les plus fréquemment utilisés en USIN, les efforts visant à minimiser leur surconsommation et leur mauvais usage sont essentiels à la lutte contre la résistance aux antibiotiques. L’enquête de prévalence ponctuelle a révélé que les hôpitaux qui ont mis en place un programme de bon usage des antibiotiques (ASP) spécifique à l’USIN ont des taux d’utilisation d’antibiotiques significativement plus faibles. « On ne saurait trop insister sur l’importance d’un tel programme, qui pourrait contribuer à réduire la résistance aux antibiotiques dans les USIN du monde entier », expliquent les auteurs.

Les diagnostics constituent un élément crucial des programmes de bon usage des antibiotiques, et peuvent venir en appui des initiatives de bon usage des antibiotiques pour améliorer la prise en charge des patients. L’utilisation rapide et appropriée des outils et des tests de laboratoire peut contribuer à réduire l’emploi inutile d’antibiotiques chez les nouveau-nés. Par exemple, dans le diagnostic de la septicémie néonatale, des biomarqueurs tels que la CRP, la procalcitonine et les interleukines 6 et 8 permettent aux médecins d’exclure une infection. Ils peuvent ainsi décider de ne pas prescrire d’antibiotiques ou d’interrompre un traitement antibiotique sans pour autant mettre en danger le patient, ce qui réduit la surconsommation d’antibiotiques.

Outre la réduction de l’emploi inutile d’antibiotiques, les efforts de bon usage de ces médicaments visent également à optimiser l’utilisation de ces derniers. Pour les antibiotiques empiriques, « le choix du traitement antibiotique approprié est important et doit être basé sur les données épidémiologiques et microbiologiques de chaque USIN. » Puis, une fois que les informations sur l’identification et la sensibilité aux antibiotiques sont disponibles, ces résultats doivent être utilisés pour ajuster l’antibiothérapie.

Les auteurs de l’étude « Antimicrobial Stewardship in the Neonatal Intensive Care Unit: An Update » concluent en rappelant que « les traitements antibiotiques prolongés qui sont administrés aux nouveau-nés en cas de suspicion de septicémie néonatale entraînent des effets graves à court et à long terme », et que « l’utilisation judicieuse des antibiotiques en USIN est essentielle pour la protection de cette population vulnérable. » Un bon usage des antibiotiques appuyé par des outils de diagnostic peut aider les médecins à lutter contre la résistance aux antibiotiques, tout en réduisant les risques d’effets indésirables et d’autres complications de santé chez les nouveau-nés.

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