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DATE DE PUBLICATION : 22 NOVEMBRE 2023

Alors que les appels à plus de prévention dans les stratégies de santé publique se multiplient, le diagnostic in vitro apparaît comme un outil majeur à toutes les étapes : stratification des facteurs de risques, dépistage et diagnostic précoce, établissement du pronostic, suivi de l’efficacité des traitements et surveillance à long terme des complications et/ou des rechutes. Explications avec Isabelle Tongio, Directrice des Affaires publiques et gouvernementales chez bioMérieux.

Confrontés à une pandémie de Covid-19 d’une soudaineté et d’une ampleur inégalées, nos systèmes de santé ont clairement montré leurs limites pour faire face à une telle situation de crise. À cela s’ajoute une croissance des coûts des soins qui n’est plus tenable, avec un fort impact environnemental. Face à ces constats, de plus en plus de voix appellent à déplacer le curseur d’une médecine curative à une médecine préventive. En novembre 2020, les propositions de la Commission Européenne pour une « Europe de la santé » ont placé ce sujet au cœur des objectifs 2021-2027. Puis en 2021, c’est l’OCDE qui a appelé à consacrer davantage de moyens à l’amélioration de la prévention en santé. Dans un contexte d’inégalité dans l’accès aux soins, la prévention est aussi un moyen « d’aller vers » et « de ramener » dans les systèmes de santé des populations défavorisées. 

 

Disposer de la bonne information

Quand on pense prévention, on pense d’abord vaccination, puis comportement. En réalité, elle repose sur un triptyque vaccination-comportement-diagnostic, qui a largement fait ses preuves pendant la crise du Covid-19. Le diagnostic in vitro (DIV) est un maillon essentiel de la médecine préventive pour fournir une information robuste, utilisable, traçable dans le temps et non redondante. Cette information va aider à prendre les bonnes décisions sur les plans médical, sanitaire, organisationnel et économique.

« Dans sa stratégie de prévention, chaque système de santé va définir des populations à cibler en priorité. En s’appuyant sur le diagnostic in vitro, les personnes à risque peuvent être identifiées, dépistées et testées, surveillées et prises en charge au bon moment s’il y a lieu d’intervenir médicalement » explique Isabelle Tongio, Directrice des Affaires publiques et gouvernementales chez bioMérieux. 

 

Des bénéfices à chaque niveau de la prévention

Avec le développement de technologies de plus en plus rapides, sensibles, faciles d’utilisation y compris par les patients eux-mêmes, et la possibilité de tester de plus en plus de marqueurs biologiques, les tests diagnostiques sont clés à tous les niveaux de la prévention médicale :  

  • Prévention primaire : pour éviter la survenue d’une maladie.
    • La crise du Covid-19 a révélé de manière inédite l’importance du DIV dans la gestion d’une pandémie. Si le séquençage viral a tenu une place importante dès les premiers jours de l’épidémie pour le développement tant des tests diagnostiques que des vaccins, il demeure un outil essentiel de surveillance de l’émergence de nouveaux variants. A noter que, pour la première fois, volontairement et massivement, les patients ont pu prendre en main leur propre diagnostic afin d’éviter la transmission de la maladie à leur entourage en cas de résultat positif. 
  • Prévention secondaire : pour diminuer la prévalence d’une maladie dans une population grâce à la détection à un stade précoce.
    • Prenons l’exemple de la tuberculose. Au-delà de la nécessité d’un diagnostic précoce de la tuberculose active, le dépistage des sujets asymptomatiques mais porteurs d’une tuberculose latente est un enjeu essentiel à l’échelle mondiale. Le traitement de ces patients à risque d’évolution vers une tuberculose active présente le double bénéfice de profiter aux patients eux-mêmes mais aussi à la population dans son ensemble, en diminuant le réservoir de bacilles tuberculeux.
  • Prévention tertiaire : pour réduire les complications et les risques de rechute, après la survenue de la maladie.
    • Dans le cas d’une maladie sévère à évolution rapide telle que le sepsis, la procalcitonine, qui aide au diagnostic précoce, permet d’augmenter significativement les chances de survie des patients. En même temps, elle a fait la preuve de son efficacité pour guider l'arrêt des antibiotiques chez des patients avec une septicémie suspectée ou confirmée1-3 et participe ainsi à l’indispensable lutte contre la résistance aux antibiotiques.
  • Prévention quaternaire : pour éviter les interventions médicales inutiles ou excessives.
    • L’utilisation de tests moléculaires multiplexes rapides pour le diagnostic précoce des méningo-encéphalites pédiatriques permet en seulement une heure d’optimiser la prise en charge par l’hôpital d’un cas de maladie bactérienne grave ou, en cas de maladie virale, de renvoyer l’enfant chez lui en évitant les effets liés à une surmédicalisation. Les bénéfices sont immédiats, à la fois pour le patient et pour l’optimisation des flux et des dépenses à l’hôpital4

Une médecine préventive facilitée par les progrès du diagnostic

Tirée par le progrès scientifique, médical, technologique et numérique, l’offre de DIV évolue, rendant son utilisation en médecine préventive plus aisée. Désormais réalisables en-dehors des laboratoires centraux, les tests peuvent être utilisés à l’hôpital comme en médecine de ville, parfois par les patients eux-mêmes, sans compromis sur la qualité. Un avantage important quand l’une des spécificités de la prévention est de cibler essentiellement des personnes asymptomatiques ou peu malades. Par ailleurs, certains biomarqueurs en maladies infectieuses et en cancérologie permettent de personnaliser davantage la prise en charge des patients. Enfin, le numérique facilite la prise de décision médicale et permet d’éviter les actes inutiles, grâce à une information consolidée.

À l’heure où le juste recours aux soins, la capacité de réaction et la réduction de l’empreinte écologique de la santé sont au cœur des préoccupations, la médecine préventive et le diagnostic in vitro prennent toute leur place. L’enjeu pour le diagnostic est de proposer le bon test, pour le bon patient, au bon moment, au bon endroit.  Ainsi considéré, le diagnostic in vitro pourra contribuer efficacement à cette évolution vers la prévention et la promotion de la santé, avec tous les co-bénéfices possibles en termes de santé publique.

 

 

Références :

1. Claxton AJ, Thompson-Leduc P, Kirson NY, Rice B, Hey J, Iankova I, et al. Efficacy and Safety of Procalcitonin Guidance in Patients With Suspected or Confirmed Sepsis: A Systematic Review and Meta-Analysis. Crit Care Med. 2018;46(5):691-8.

2. Kyriazopoulou E, Liaskou-Antoniou L, Adamis G, Panagaki A, Melachroinopoulos N, Drakou E, et al. Procalcitonin to Reduce Long-Term Infection-associated Adverse Events in Sepsis. A Randomized Trial. Am J Respir Crit Care Med. 2021;203(2):202-10.

3. Schuetz P, Wirz Y, Sager R, Christ-Crain M, Stolz D, Tamm M, et al. Procalcitonin to initiate or discontinue antibiotics in acute respiratory tract infections. Cochrane Database Syst Rev. 2017;10(10):CD007498.

4. Duff S, Hasbun R, Ginocchio C, Balada-Llasat J, Zimmer L, Bozzete S. Economic analysis of rapid multiplex polymerase chain reaction testing for meningitis/encephalitis in pediatric patients. Future Microbiol 2018.

 

 

 

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