Sepsis et antibiorésistance : deux urgences, un équilibre à trouver
Par la rédaction de bioMérieux | Temps de lecture : 2 min
Des études montrent que l'administration rapide d'antibiotiques est généralement associée à une diminution du nombre de décès chez les patients hospitalisés atteints de sepsis. Toutefois, la nécessité d'administrer rapidement un traitement efficace peut amener les cliniciens à recourir à des antibiotiques à large spectre, ce qui peut renforcer l'antibiorésistance. L'antibiorésistance étant un problème de santé majeur, notamment pour les patients atteints de sepsis, il est important, dans la prise en charge des patients, d'améliorer l'harmonisation entre les protocoles de lutte contre le sepsis et les principes directeurs de bon usage des antibiotiques.
Selon le bon usage des antibiotiques dans la prise en charge du sepsis, le problème de la rapidité de démarrage d'un traitement par des antibiotiques à large spectre commence par la question du diagnostic du sepsis. L'article note que les principes directeurs actuels en matière de sepsis sont peut-être trop généraux et précise qu'« il n'est pas rare que des patients présentant des cas d'infections courantes par ailleurs sans complication (grippe, pneumonie ou pyélonéphrite, par exemple) répondent à cette définition largement répandue du sepsis. »
Selon les auteurs d'un article paru dans The BMJ, « la combinaison de critères inadaptés de diagnostic du sepsis et de fortes contraintes de temps pour fournir une antibiothérapie à large spectre est troublante du point de vue du bon usage des antibiotiques. » La recherche confirme la nécessité d'élaborer des principes directeurs plus efficaces pour la prise en charge du sepsis qui correspondent mieux aux objectifs des programmes de bon usage des antibiotiques. Une plus grande sensibilisation à la relation entre les deux facteurs peut être un pas dans la bonne direction.
Rapport entre sepsis et antibiorésistance
Il existe une relation significative entre le sepsis et l'antibiorésistance. Si l'infection à bas bruit du patient atteint de sepsis est résistante aux antibiotiques, le traitement peut être difficile, voire impossible. Cependant, les reportages des médias et les campagnes de santé publique sur le sepsis et l'antibiorésistance sont rarement présentés ensemble, ce qui entraîne un manque de compréhension du lien entre ces questions.
Les reportages des médias sur le sepsis tendent à partager des récits personnels et à identifier des solutions immédiates qui sont à la portée des professionnels de la santé et du public. Ils sont donc efficaces pour sensibiliser l'opinion et déclencher des mesures positives. Les comptes rendus sur l'antibiorésistance sont souvent différents.
L'antibiorésistance est souvent présentée comme une menace sanitaire touchant les futurs patients et impliquant de nombreux facteurs. « Étant donné que les décideurs humains ont tendance à préférer les retours à court terme aux retours différés, cet aspect de la couverture médiatique n'encourage guère la responsabilité individuelle ou la motivation à optimiser l'usage des antibiotiques » écrivent les auteurs de l'article du BMJ. En outre, la responsabilité individuelle peut être diluée parce que les messages sur l'antibiorésistance font appel à tout le monde en même temps et ne proposent pas forcément des mesures concrètes que chacun doit prendre. Ces aspects contribuent tous aux difficultés rencontrées pour sensibiliser l'opinion et susciter des actions dans le domaine de l'antibiorésistance.
De nouveaux protocoles, des diagnostics et une amélioration de la communication peuvent contribuer à harmoniser la prise en charge du sepsis et le bon usage des antibiotiques
Certaines stratégies de bon usage des antibiotiques peuvent contribuer à faire coïncider les protocoles de lutte contre le sepsis et les objectifs de bon usage des antibiotiques. Plus précisément, la désescalade et le raccourcissement de la durée du traitement en toute sécurité peuvent contribuer à réduire d'une part la probabilité d'infections à C. difficile et d'autres effets secondaires indésirables résultant d'une antibiothérapie prolongée et d'autre part le développement de micro-organismes résistants. Le laboratoire clinique et les diagnostics sont au centre de ces stratégies.
Environ 70 % des décisions cliniques relatives à la prise en charge des patients s'appuient sur les résultats de laboratoire. C'est pourquoi les outils qui réduisent le temps nécessaire à la détection et à l'identification des infections peuvent être particulièrement utiles. Correctement utilisés, les diagnostics peuvent aider à la prise de décision clinique et contribuer à l'amélioration des résultats pour les patients atteints de sepsis, ainsi qu'au renforcement des pratiques de bon usage des antibiotiques.
Enfin, le recadrage du message actuel sur l'antibiorésistance pourrait avoir des effets sur la compréhension de la relation entre le sepsis et l'antibiorésistance. L'antibiorésistance est un problème immédiat qui a des conséquences pour les cliniciens et les patients. Il est essentiel de s'attaquer à l'antibiorésistance dans des domaines comme la gestion du sepsis, où la meilleure prise en charge des patients dépend de l'accès à des antibiotiques efficaces.
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