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DATE DE PUBLICATION : 31 MAI 2023

Les antibiotiques ont permis de sauver de nombreuses vies depuis des décennies. Que se passera-t-il lorsque les médicaments dont nous dépendons ne seront plus efficaces ? Imaginez un scénario dans lequel les interventions chirurgicales de routine et les infections bénignes pourraient fréquemment mettre nos vies en danger et où le coût du traitement augmenterait considérablement. Cela ressemble bien à un cauchemar et pourtant, dans la réalité, certaines personnes subissent déjà ces effets, certains groupes et certaines régions étant plus exposés que d'autres.

Impacts de l'antibiorésistance sur les pays à revenus faibles et intermédiaires

« Si nous n'agissons pas, nous risquons d'assister à un scénario presque impensable où les antibiotiques n'agiront plus et où nous serons ramenés à la préhistoire de la médecine » a déclaré David Cameron, ancien Premier ministre britannique. En effet, une étude récente, parue dans The Lancet, estime que, pour la seule année 2019, 1,27 million de décès sont directement imputables à l'antibiorésistance et 4,95 millions de décès sont associés à l'antibiorésistance bactérienne.

Bien que l'antibiorésistance soit un problème de santé mondial, certains pays et régions sont touchés de manière disproportionnée. « Les pays à revenus faibles et intermédiaires sont les plus touchés par les maladies infectieuses et par l'antibiorésistance du fait de leurs ressources limitées » indique la note d’orientation technique relative à l’eau, l’assainissement et l’hygiène et la gestion des eaux usées pour prévenir les infections et réduire la propagation de la résistance aux antimicrobiens. De nombreux pays à revenus faibles et intermédiaires ne disposent pas d’infrastructures nécessaires pour prévenir et traiter les infections à grande échelle. Le manque d’organisation dans les soins, d'assainissement, d'hygiène et d'eau propre contribue au risque d'infection.

Un article récent GBD (Global Burden of Diseases, Injuries, and Risk Factors) publié au sujet de l'étude de The Lancet donne un aperçu supplémentaire de la charge de morbidité dans les pays à revenus faibles et intermédiaires. Les pays à revenus élevés, en particulier l'Australasie, enregistrent la charge de morbidité la plus faible en 2019, avec 6,5 décès pour 100 000 imputables à l'antibiorésistance. À l'inverse, « l'Afrique subsaharienne de l'Ouest est la région la plus touchée, avec 27,3 décès pour 100 000 imputables à l'antibiorésistance. » 

 

Carte prévision de décès dus à l'AMR


La gravité de l'antibiorésistance exige une approche globale, One Health, pour la combattre. « Il est urgent que les nations du monde entier s'unissent pour s'engager et poursuivre la lutte mondiale contre l'antibiorésistance », explique le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

 

L’exemple de la tuberculose

La tuberculose est la 13ème cause de décès dans le monde, la deuxième cause de mortalité infectieuse (après le COVID-19) et l'une des principales causes de décès liées à l'antibiorésistance. A noter que 87 % des nouveaux cas de tuberculose ont été imputés à huit pays seulement, les taux de mortalité les plus élevés étant observés dans les régions d'Afrique et d'Asie du Sud-Est. En 2019, 465 000 nouveaux cas de TB présentaient une résistance à la rifampicine, le médicament antituberculeux de première intention le plus puissant, dont plus des trois quarts étant également résistants à l'isoniazide (tuberculose multirésistante).

D'autres types d'infections pèsent également sur les systèmes de santé dans le monde. La note d’orientation technique souligne que « les bactéries multirésistantes sont présentes dans les voies intestinales des humains et des animaux du monde entier, ce qui signifie que les infections symptomatiques non traitables sont un défi pour les systèmes de soins, diminuant ainsi l'efficacité des antibiotiques. »

 

L'accès au diagnostic est essentiel pour lutter contre l'antibiorésistance

Une coordination entre les recommandations et le soutien fournis par l’établissement, combinée à l'utilisation raisonnée de diagnostics cliniques rapides, peut contribuer à faire avancer la lutte contre l'antibiorésistance. Les tests de diagnostic rapide sont très utiles dans la lutte contre l'antibiorésistance car ils fournissent les informations nécessaires à l'identification correcte des pathogènes responsables des infections. Ces informations aident les professionnels de santé à prendre les bonnes décisions concernant le traitement des patients et à éviter l'usage abusif et excessif des antibiotiques. Les tests de diagnostic fournissent également des informations de surveillance permettant de suivre les profils de résistance dans un système de soins de santé ou une région. Comme le souligne une récente étude sur l'antibiorésistance, « le besoin de plateformes de détection rapides, très sensibles, abordables et d'un bon rapport coût-efficacité pour le diagnostic de l'antibiorésistance est devenu urgent. »

Mais l'accessibilité mondiale de ces tests reste un problème. Un article paru dans The Lancet indique que « l'accès aux tests diagnostiques en pathologie et en médecine de laboratoire est limité et inégal dans de nombreuses régions du monde. » Bien que les progrès aient été lents, la publication par l'OMS d'une liste de diagnostics essentiels pour les contextes prioritaires en 2018 et la pandémie de COVID-19 ont contribué à mettre en évidence l'importance vitale des tests diagnostiques et de leur accessibilité.

La lutte contre l'antibiorésistance nécessitera un effort mondial des citoyens comme des dirigeants. Ensemble, nous pouvons progresser dans la lutte contre l'antibiorésistance universelle.

 

Les avis exprimés dans cet article ne sont pas nécessairement ceux de bioMérieux. 

 

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