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DATE DE PUBLICATION : 11 OCTOBRE 2022

Le 23 juillet 2022, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) déclarait la variole du singe urgence de santé publique. Alors que ce virus est observé dans les populations humaines principalement d'Afrique de l'Ouest et Centrale depuis les années 1970, l'élargissement de la zone géographique de l'épidémie récemment observée a suscité de vives inquiétudes. En septembre 2022, plus de 62 000 cas confirmés et suspects ont été comptabilisés dans le monde dont la majorité chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, bien que d'autres populations puissent également être infectées. 

bioMérieux s’est entretenue avec le Docteur David O. Freedman, MD, FASTMH, FIDSA, FISTM, professeur émérite à l'Université d'Alabama à Birmingham (États-Unis) pour faire le point sur la réponse à la variole du singe du point de vue du diagnostic. 


Identification clinique et analyse en laboratoire

Selon l'OMS, la variole du singe se transmet par contact rapproché avec une personne infectée ou avec du matériel contaminé par le virus ; l'infection se manifeste généralement par de la fièvre, des éruptions cutanées, un gonflement des ganglions lymphatiques et des lésions cutanées. Il a été démontré que la vaccination contre la variole confère une certaine protection contre la variole du singe et des vaccins plus ciblés sont en cours de développement et d'autorisation de mise sur le marché.

Le virus de la variole du singe présente des particularités en termes de mode de transmission et de diagnostic. On ne sait pas encore si le virus agit comme une infection sexuellement transmissible (IST) typique, comme l'herpès, ou si la transmission par contact étroit est telle qu'elle est par nature liée au contact sexuel. Les lésions isolées dans la bouche ou l'anus sont difficiles à caractériser et à diagnostiquer lors d'un examen physique rapide de dépistage. 

Les différentes autorités de santé publique ayant donné des consignes différentes au début de la récente flambée épidémique, il subsiste une incertitude sur les directives à suivre et les directives à jour. Selon les recommandations actuelles, il faut écouvillonner vigoureusement la lésion sans la désinfecter ni l'exciser et transporter le prélèvement dans un tube sec sans milieu de transport. Les prélèvements doivent être expédiés congelés lorsqu'ils sont destinés à un laboratoire de santé publique pour le diagnostic.

Le test PCR peut détecter les orthopoxvirus non-varioliques comme la variole du singe mais les tests positifs doivent quand même être envoyés à l'autorité compétente pour confirmation définitive et consignation. Les grands hôpitaux universitaires disposent probablement déjà des capacités nécessaires pour effectuer des tests PCR en interne mais la fabrication des kits, le respect des protocoles et la validation des résultats nécessitent encore du temps et du travail.

David O. Freedman, Université de l'Alabama

Prévention des infections et santé publique 

Les pays qui n'ont pas mis en place d'importantes mesures de santé publique pour lutter contre la variole du singe ne disposeront probablement pas des capacités accrues de tests en laboratoire nécessaires pour répondre à la progression de la demande. En outre, en raison de la réaction relativement rapide à la pandémie de COVID-19, le public peut être plus exigeant qu'auparavant au sujet de la rapidité d'autorisation de nouveaux outils pour un usage public. Des ressources supplémentaires sont nécessaires pour la collecte de données afin d'identifier et de surveiller la propagation de la variole du singe pour orienter les actions de santé publique.

Les symptômes de la variole du singe peuvent être tellement semblables à ceux d'autres infections que des tests et un diagnostic appropriés sont nécessaires pour isoler les personnes réellement infectées par le virus. L'accès à un diagnostic adapté permettrait d'isoler immédiatement les sujets présentant des lésions mineures difficiles à vérifier empiriquement. Les diagnostics pourraient également aider à organiser les futurs déploiements de vaccins. Un échantillonnage régulier des populations à risque en général ainsi que des groupes de cas d'éruptions cutanées pourrait permettre d'identifier les épidémies communautaires afin d'orienter les opérations de vaccination.

L'amélioration de l'accès à des outils de diagnostics spécifiques et leur utilisation concrète pourraient jouer un rôle décisif dans la prise en charge des patients suspecté d’infection à la variole du singe. Cela permettrait dans le même temps d’orienter les mesures de prévention et de lutte contre l'infection au niveau de la santé publique.

 

Les avis exprimés dans cet article ne sont pas nécessairement ceux de bioMérieux. 


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